Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil
Hajime a connu pour la première fois l'amour en compagnie de la douce Shimamoto-San. Séparés par la vie, il n'a pourtant jamais oublié. Aujourd'hui, à l'aube de la quarantaine, Hajime est devenu un homme ordinaire et s'est construit une vie agréable entre sa famille et un métier qui lui plaît. Ce fragile équilibre résistera-t-il à ses retrouvailles avec Shimamoto-San ?
L'auteur japonais nous avait habitués aux personnages de classe moyenne
qui, perdus et broyés au milieu de la foule, se résignaient à vivre
anonymement et à faire éclater le plus discrètement possible leur
désespoir. Cette fois, le héros du roman s'en tire un peu mieux que les
autres. Hajime a une situation confortable. Marié à la fille d'un
industriel, il a pu ouvrir un club de jazz. Sa femme l'aime, il l'aime
aussi. Autant que ses deux filles. Il a quarante ans mais en paraît
trente parce qu'il va régulièrement à la piscine. Il conduit une BMW la
semaine, une Cherokee le week-end. Que dire de plus ? Que la belle
Shimamoto-san, son amour de prime jeunesse, va faire son apparition et
rendre tout d'un coup cette petite vie bourgeoisement confinée inutile
et insupportable.
Ce roman de Haruki Murakami se lit d'une traite.
Chose curieuse, cette lecture s'effectue comme une procession lente et
mesurée, sans avidité, ni boulimie romanesque. La phrase, sèche et
tendue, a la curieuse faculté de mettre les personnages à distance
d'eux-mêmes. Mystérieusement, ils parlent presque d'outre-tombe,
dévoilant sur eux-mêmes une vérité qu'ils semblent fatigués de vouloir
endosser. Haruki Murakami est assurément un auteur à découvrir et à
suivre.