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On oublie le dernier rêve ; on se remémore toujours le premier amour.
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On oublie le dernier rêve ; on se remémore toujours le premier amour.
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25 novembre 2008

Réflexions de l'Auvergnat...

Certains soirs, dans les rues de Vannes, Lorient, Rennes, Nantes ou ailleurs, on peut voir, ici et là, quelques individus insolites qui pressent le pas. Chacun d’eux est composé, pour l’essentiel, d’un costume sombre, d’un attaché-case et d’une convocation. Parfois, un nœud papillon ou une cravate ajoutent une note primesautière à l’austérité silencieuse de ces personnages furtifs et sibyllins. Mais où se hâtent-ils donc ainsi ?

Le pharmacien et la mercière s’accordent pour dire que, dans cet appareil, ils ne se rendent pas à des obsèques car il est trop tard. Ni à une nuit de galipettes et de turpitudes, car il est trop tôt. On voit bien par là combien les énigmes locales sont déconcertantes

Nos ténébreux quidams arrivent d’ailleurs avant l’heure à leur mystérieuse destination, et attendront dans le café voisin. Là, se trouvent déjà d’autres quidams vêtus de sombre, d’autres attachés-cases, et quelques nœuds papillons ou cravates primesautiers. Dès l’entrée des nouveaux arrivants, ce ne sont qu'embrassements, longues étreintes, contentements ostentatoires, chuchotements complices. Et des regards qui en disent long..

Derrière son comptoir, l’Auvergnat, désabusé, les paupières en berne, fatigué par peut être trop de mises en bière, essuie ses verres : voilà des mois qu’il a un doute...

A présent, ils parlent de la pluie et du beau temps. Surtout de la pluie. Pour ces gens-là, voyez-vous, il pleut toujours. Et la salle est humide, même quand il fait sec. À tel point qu’ils parlent à mots couverts, comme pour ne pas se mouiller. Ils tentent de se faire passer pour une famille nombreuse avec des « mon frère » par ci, des « mon bien-aimé frère » par là ! D'accord, ils ne sont pas tellement plus parfumés que certains autres, mais ils s’embrassent tout de même davantage… c’est la bande à bisous.

Autre indice : ils parlent souvent de frangines, également d’une dame, veuve de son état, et dotée de nombreux enfants, mais en attendant, on n’a jamais vu, jamais un seul d’entre eux, en compagnie d’une femme ! Les soupçons de l’Auvergnat se précisent : bizarre, bizarre, il en est à se demander si par hasard... ces gens-là ne seraient pas ... C’est qu’il y a des détails qui ne trompent guère.

Dans l’équipe se trouve un grand gaillard avec des poils noirs dans les oreilles et qui doit travailler dans une tuilerie. Le mois dernier, le gaillard en question farfouillait dans sa mallette à la recherche de sautoir et de bijoux. Est-ce que les Auvergnats, même s’ils sont grands avec des poils dans les oreilles portent des sautoirs et des bijoux, on vous le demande ?

Les vieux s’intéressent surtout à de jeunes apprentis. À voix basse, ils leur parlent de lacs d'amour et de houppes, et même d’attouchements de leurs attributs. Si, si… si, parole d'Auvergnat !

Mis à part celui qui est dans les tuiles, allez savoir leur profession ? Certains, c’est sûr, sont des menuisiers. Mais pas des meilleurs, car il est souvent question de planches, et elles sont souvent trop longues. Ou trop courtes, mais c’est plus rare, et ce serait pour éviter que le sciage du bois résonne trop fort pendant leurs travaux, … ouais il faut le dire ils ne semblent pas très opératifs.

Et, pour les bois, il est toujours question d’acacia, et d’érable, de vieil érable au mètre.

Ils parlent souvent d’outils, d’équerre, de compas et même de… pendule. A croire que certains sont des sourciers, pourtant il est rare qu’ils boivent de l’eau… parole d’auvergnat.

Parmi eux, il y a aussi un couvreur qui doit poser les tuiles de l’autre, un autre grand gaillard qui dirige des travaux mais qui n’y voit pas clair et qui est surveillé, il y en a un qui fait la quête mais qui n’est pas pauvre, et ça s’est sûr … il y a aussi un banquier.

Mais ils ne sont pas racistes. Ils ont leurs travailleurs émigrés. Surtout des vieux Ecossais, des anciens qui sont bien acceptés, et en bons écossais, ils sont surtout préoccupés par les augmentations de salaires.

Ils ne portent pas de kilt mais des tabliers, des sortes de cache-sexe dont certains sont immaculés et d’autres très bariolés.

Vers dix-neuf heures, ils s’en vont tous à la queue leu leu. Ils reviennent vers vingt-trois heures pour souper dans la salle du premier étage, où ils s’enferment comme des conspirateurs.

Ils ne se séparent jamais de leur attaché-case. Ils doivent en négocier de grosses quantités. Et ils se méfient, les bougres. Au point qu’ils ne laissent jamais la femme de l’Auvergnat faire le service : "Posez donc tout ça ici, laissez faire les jeunes, les apprentis sont là pour ça"… qu'ils disent.

D’accord, mais certains de leurs "jeunes" ont la cinquantaine. Il y a même un apprenti qui trottine vers les soixante-dix, et un autre qui va bientôt fêter un jubilé et qui va recevoir un tablier plein d’argent… ils sont riches les bougres.

Ouais … drôles de jeunes qui, en plus, à ce qu’il semble, feraient des réflexions dans des cabinets. Des réflexions au vitriol. Ils ont aussi une étoile flamboyante...et pourquoi pas une corde à noeuds pendant qu'on y est?! C’est sûr, ils essaient de brouiller les pistes.

Et, en plus, c’est certain, ça trafique la drogue. D’ailleurs, ça cause toujours de l’Orient. Et on voit bien que la plupart n’ont qu’une envie, c’est de s’y installer. Et, comme dans la mafia, tous ont leur parrain. Ils ont aussi leurs règlements de compte, et il est souvent question de la préparation de cercueils : ils obligent même leurs victimes à rédiger un testament. Ils font parfois allusion à un Ecossais, qui n’aurait pas été accepté et qui aurait été bel et bien "rectifié" … dans une rame de R.E.R.

Mais que fait donc la police ? Quoique, quoique,… quoique.... Ce sont tout de même de bons clients. Dans le commerce, finalement, il faut savoir comprendre les choses.

Moralité, nous avons sur l’Auvergnat et ses certitudes, fondées sur le bon sens, un net avantage : nous savons qu’il se trompe. Et, comme l’a dit le philosophe, « Si tous ceux qui croient avoir raison n’avaient pas tort, la vérité ne serait pas loin ».

Hélas ! Hélas ! Nous sommes toujours l’Auvergnat de quelqu’un ou de quelque chose. Et la seule certitude que nous puissions avoir, c’est qu’hélas ! nous sommes tous encore plus Auvergnats que nous n’en avons l’air.

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