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On oublie le dernier rêve ; on se remémore toujours le premier amour.
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30 octobre 2008

Dis moi qui est ton père...Chronique de Michel Onfray

Je ne suis pas un freudien orthodoxe, loin de là. Les psychanalystes me semblent souvent manquer deonfray2 modestie dans leurs habits de thérapeutes qui, du moins le croient-ils, leur confèrent la toute puissance, alors qu’ils se comportent bien souvent en chamanes à la petite semaine. Le freudisme m’intéresse bien plus que la psychanalyse devenue institution car l’un se nourrit de Schopenhauer et de Nietzsche alors que l’autre s’inspire trop souvent des baquets de Mesmer et du verbe de Cagliostro…

Je retiens de Freud, parmi d’autres concepts, la notion de surmoi. Elle définit l’instance qui, dans la carte d’identité psychique dite de la seconde topique, est capable de s’opposer à une autre partie du moi pour le juger, le contenir, le retenir. Darwin affirmait que ce qui distingue l’homme des autres animaux, c’est la capacité à ressentir de la culpabilité, donc de revenir sur l’un de ses actes passés pour le juger et le regretter, l’ensemble de ce processus contribuant à la sélection de l’espèce.

Je connais nombre d’humains, plus animaux que nombre de bêtes, qui se révèlent incapables de ce mécanisme fondateur de l’humanité d’un humain : réfléchir, revenir sur un acte, un mot, un verbe, un fait, un geste, le juger, le peser, l’examiner, puis conclure clairement qu’il n’a pas été juste ou adéquat. A la suite de quoi, on peut même envisager un regret, une excuse, une demande de pardon. Quiconque n’a jamais présenté d’excuses pour un forfait avéré avoue que la part animale étouffe en lui la part humaine.

Freud explique que le surmoi n’est pas créé consciemment par les parents, mais qu’il se transmet à l’insu des protagonistes : éduquer, ou non, à la Loi, au respect, au droit, enseigner, ou pas, l’existence de l’autre et la courtoisie nécessaire à son endroit, transmettre ou non, la prévenance, la délicatesse, la politesse, l’élégance comme des vertus cardinales pour toute intersubjectivité, voilà qui contribue à la construction d’une rectitude, d’une droiture, d’une morale. Mais il y a aussi les impulsions sombres, les transmissions obscures, les passages énigmatiques et irrationnels d’un inconscient l’autre. Le père, en tant qu’il porte la loi, doit faire le nécessaire. Or, si souvent, il n’en fera rien, il aura laissé faire.

D’où des individus sans colonne vertébrale éthique, autistes d’un point de vue relationnel et qui revendiquent leurs aspirations immatures comme des libertés et des droits, y compris quand il s’agit de nuire (droit d’enfumer, droit d’insulter, droit de nuire, droit de médire, droit de salir, droit de mentir, droit de calomnier, droit de trahir…) alors qu’il en va tout simplement d’un prurit d’adolescent confondant licence et liberté.

Or la licence, c’est la liberté des animaux, ou des libéraux. Autrement dit, ça n’est pas la liberté, mais son contraire, à savoir la force avec les faibles, la faiblesse avec les forts, ou bien encore le règne éthologique des hormones, donc la loi du plus fort. L’époque croule sous l’infantilisation. Le modèle adolescent fait la loi. Nos temps manquent de Pères. En revanche, ils grouillent de créatures immatures, incomplètes, inachevées, jamais finies, obsédées par le meurtre du père et désemparées de ne pouvoir supprimer quelqu’un d’introuvable psychiquement malgré sa présence physique…

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