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On oublie le dernier rêve ; on se remémore toujours le premier amour.
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18 novembre 2008

La raison a-t-elle toujours raison?

Dans une civilisation des représentations dominée par la raison, dans un pays qui a voulu en faire une religion alternative et y a fondé bien des institutions qui existent encore, la remise en question de la raison est fort délicate. C’est surtout la "suffisance" de la raison qu’il faut mettre en cause à l’époque où une nouvelle mutation de l’humanité engage vers d’autres horizons. Aussi bien en d’autres temps l’émergence de la raison a-t-elle été un progrès de l’humanité autant l’émergence du Sens est-elle maintenant décisive pour l’avenir. La Raison va se trouver la servante du Sens et non la maîtresse des vérités. Ceux qui y ont construit leur domination n’y verront qu’inconvénients.

De nos jours le qualificatif de "rationnel" est souvent   garant de vérité certaine. L’irrationnel est rejeté   par quelques-uns alors que d’autres y trouvent une logique. Qui   a raison ? Mais est-ce qu’avoir raison est rationnel ? Certains   totalitarismes, certains terrorismes implacables semblent être   le pur produit d’une raison, commune pour les uns, folle pour   les autres. Des rationalistes nient toute transcendance au nom   de la raison alors que d’autres en appellent à la raison   pour découvrir un au-delà en l’homme, en un Dieu   ou un Soi universel. La révolution française dans   le feu des passions a déifié la Raison.

  Y-a-t-il toujours une raison pour justifier l’existence ou le   devenir des choses ? La rationalité est-elle simplement   la mise en évidence des ratios, rapports entre les choses ? La raison est-elle seulement celle du plus fort ?

  Autant d’indices, de questions qui montrent que la définition   de la Raison ne tombe pas sous le sens. Il faut se rendre à   la raison, la raison n’a peut-être pas de sens.

  C’est bien la question qu’il nous faut traiter pour raison garder,   quel est le sens de la raison ou plus précisément   quels en sont les sens.

  En effet, et c’est l’éclairage de la théorie des   Cohérences, la Raison, comme toute chose, a plusieurs   sens et selon chacun de ces sens, elle engage une vision, un   rapport au monde tout-à-fait différent qui intervient   dans le processus de connaissance lui-même.

  Nous examinerons d’abord deux alternatives où la notion   de Raison s’inverse à chaque fois.

  La raison peut être le rapport à un principe originel.   La raison d’exister c’est l’être. La raison du discours,   c’est celui qui s’exprime. Ce qui à une source, une origine   a donc une raison d’être.

  A l’inverse, la raison peut être conçue comme une   norme de référence, une règle, et la conformité   est alors critère de rationalité. La raison est   ce qui explique, la règle explicative identifiée   dans une réalité.

  S’opposent ainsi une raison essentielle et une raison abstraite.

  Dans la seconde alternative on trouvera d’abord la raison comme   enchaînement logique. Un ensemble de rapports, d’articulations   entre des éléments, conduisent d’un point de départ   à un point d’arrivée selon un cheminement déterminé.   Voilà ce qu’est la raison. A l’inverse la raison est le   lien binaire entre une cause et un effet, une action et la réaction.   La Raison est ici fatale, c’est un rapport obligatoire, univoque.   Chaque chose a une raison, et une seule, et trouver la cause   c’est trouver la raison.

  Ici s’opposent une raison orientée qui est cheminement   progressif dans une direction, à une raison binaire cause-effet   qui est réduction du second à la première.

  Mais à partir de ce couple d’alternatives, on peut trouver   quatre conceptions majeures de la raison qui sont toutes divergentes   et lourdes de con-séquences.(cf. carte de cohérence).

Tout d’abord il y a la raison-domination   , celle qui s’impose, celle du plus fort. C’est l’expression   d’un principe qui en est la cause absolue. La raison est la marque   de la puissance, de l’arbitraire. Elle ne vaut que parce qu’elle   se dit indiscutable et ne se livre bien sur à aucune critique   ni à aucun discernement. Communément ce sont les   "bonnes raisons" qui viennent justifier et cautionner   les positions empiriques que nous prenons. Il est du même   coup possible d’arguer de multiples raisons même contradictoires   du moment qu’elles confirment la position à défendre   ou à imposer. Une raison délirante, fantasmatique   peut très bien être déployée alors   dans ce procès d’auto-justification. De toute façon   la raison ne vise qu’à avoir le dernier mot et elle peut   emprunter tous les artifices pour arriver à ses fins.

  Il y a ensuite la raison-naturelle . Les éléments   de la nature sont constitués et articulés selon   des rapports dit naturels. Ces liaisons ou corrélations   sont érigées par la science au statut de lois.   Le formalisme mathématique explique les choses en référence   aux lois qui en sont la cause déterminante.

  La rationalité est donc la loi de la nature, raison naturelle   en même temps qu’elle est abandon à l’évidence   de ces lois. Se rendre à l’évidence c’est se rendre   à la raison , aux raisons qui sont l’évidence de   ce qui est, positivement. Il n’y a dans le monde que des raisons   évidentes que seules les défaillances (provisoires)   de la raison humaine lui cachent malignement. La raison naturelle   est déterministe et la déraison serait pour elle   de ne pas y croire.

  La raison-rationnelle , celle du rationalisme   est conçue comme le parcours d’une série d’articulations,   un cheminement logique donc, mais qui est normatif, en référence   avec une raison première, idéale, type.

  Le raisonnement est l’identification des rapports, enchaînés   progressivement, qui amènent au but, à la conclusion,   par déduction.

  La structure ordonnée et finalisée est la référence   même qu’il y a lieu, soit de parcourir pour construire   pratiquement et rationnellement, soit de découvrir pour   comprendre théoriquement et rationnellement. La raison   est à la fois le modèle à suivre ou à   découvrir et l’instrument de cette opération.

  Le rationalisme érige la raison en modèle logique   comme les marches d’un escalier idéal dont l’homme a à   découvrir et parcourir les degrés. Se faisant il   progresse vers la perfection.

  La raison rationnelle est chemin de perfection, c’est-à-dire   conformation à un idéal parfait qui détermine   le parcours pour l’atteindre.

  La raison rationnelle se distingue de la raison naturelle par   son caractère de cheminement logique, de progression alors   que l’autre est plus simplement "corrélation établie",   loi fatale. Elles se rejoignent néanmoins autour de leur   caractère normatif, formel qui font de la raison un primat   que, par abstraction, l’homme a à identifier et à   suivre. La raison domine l’homme qui doit lui être assujetti.

  Enfin nous définirons la quatrième raison, comme   raison-symbolique . La raison symbolique est de la famille   des cheminements logiques mais aussi de celle qui exprime un   principe. Le principe est ici le sens, transcendant à   la raison, vecteur selon lequel se manifeste l’ordre rationnel.   La raison symbolique est une actualisation symbolique dont la   structure ordonnée est significative.

  La raison n’est pas un chemin qui mène à la perfection   mais un signe structuré qui révèle le sens   qu’il exprime.

  Il y a alors autant de rationalités que de sens, chacun   étant le principe d’un ordre logique particulier qui le   révèle.

  C’est l’illustration que nous venons d’en faire. Chaque sens   de la carte de cohérence, représentée et   parcourue ici, se traduit par une type de rationalité   dans laquelle s’inscrit une conception de la raison et donc un   rapport (ratio) aux choses, au monde, à l’homme qui en   révèle le sens.

  Cette révélation néanmoins suppose une lecture   symbolique telle que, derrière la raison, c’est toujours   le sens qui est à discerner.

  La raison symbolique ne se veut ni la cause, ni le modèle   de quoi que ce soit mais au contraire l’expression révélatrice   par laquelle le principe et la direction se manifestent. La raison   symbolique est le témoin du sens et le sens est en l’homme,   le sens est l’homme dans son Instance transcendante.

  C’est pour cela que la raison, cette raison là, est raison   humaine, le propre de l’homme. Il n’est pas un "animal rationnel"   mais un être de sens dont l’existence est rationnelle,   de multiples rationalités dont le choix lui incombe et   qui réclament discernement.

  Le discernement est différenciation des sens donc des   rationalités et des raisons. La raison ne permet pas le   discernement mais elle est objet de discernement.

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